Mais qui est Francis Malapris?

Biographie par Aude Bodumont

Eprouvé par le contact social, à l’âge de 12 ans Francis se réfugie dans l’informatique et excelle dans le domaine malgré un échec social et scolaire. En 1996, alors qu’il devient ingénieur, il rencontre le besoin de conserver la mémoire de l’instant et tente la photographie. Progressivement cette utopie s’efface pour laisser place à la sensibilité qu’il a si longtemps refoulée. 20 ans plus tard, il est un autodidacte accompli à travers l’étude de la technique et des maîtres qui l’inspirent comme Raymond Depardon, Rafael Minkkinen et Daido Moriyama.

Des rencontres déterminantes ont forgé sa démarche photographique pour l’amener au contact social puis à la mise en scène. Il délaisse alors le binaire pour exploiter une créativité bouillonnante, pleine de sensibilité. L’humain est alors au centre de son travail, à l’image du « Moi » (Freud), qui se situe entre les désirs inconscients et les normes morales. Affecté par le décès d’un ami, il va entreprendre une introspection forte qui fera ressortir des névroses qu’il cristallisera grâce à la photo de nu. En 2011, il entreprend le projet « IN SITU » (en cours) à propos de l’évasion mentale, phénomène qui le préoccupe. En 2014, il met au point un procédé de prise de vue pour construire la série « AQUATIC ». Les images rencontrent un vif succès, sont publiées et exposées avec l’affiche du FEPN à Arles en 2017. Dans son installation au cœur de la chapelle Saint Anne, Francis dépasse la photographie pour proposer une installation d’art contemporain pour sublimer l’énergie féminine.

En 2020, il profite de la pause Covid pour s’intéresser à l’intelligence artificielle de génération d’images. Il découvre un foisonnement complexe mais très motivant qu’il explore grâce à ses connaissances informatiques. Après bien des tâtonements, en 2022 il crée en collaboration la modèle artificielle « June », qu’il peut manipuler et intégrer à loisir dans ses images d’une qualité proche de la photo. C’est le début d’une nouvelle exploration, en parallèle de ses projets photo.

Démarche artistique

L’humain est un matériau fantastique. J’aime observer les corps, leurs mouvements et expressions avec parfois le sentiment de me les approprier. La partie qui me fascine le plus, car presque inaccessible, c’est l’esprit, à la tête de la personnalité avec ses goûts, ses émotions et surtout son histoire. Vient ensuite le rapport complexe à la société, qui évolue avec l’environnement et le temps. J’aborde la personne naturellement avec ouverture et sensibilité, à l’affût des singularités qui pourraient résonner en moi. De l’objet « l’autre » devient alors un individu propre, puis je mets en lumière les particules et sous-particules qui se distinguent.

La thématique principale du travail que j’expose est celle du rapport au réel : alors que le corps physique est soumis au présent, l’imaginaire est libre de vagabonder sans contrainte dans le temps et l’espace. L’ambiguïté de cette oscillation permanente entre rationnel et irrationnel, résignation et évasion, me motive dans mes recherches où le lâcher-prise est clé. La pluralité de mes projets illustre la richesse des espaces mentaux que j’ai pu visiter. Qu’ils soient oniriques ou réels, je ne mets de limites que dans l’interprétation possible des codes que j’exploite.